Trouvailles et Miscellanées en Histoire de la philosophie contemporaine
– III
Recension de : The Science of Logic: an inquiry into the
principles of accurate thought and scientific method. By P. Coffey, Ph.D.
(Louvain), Professor of Logic and Metaphysics, Maynooth College. Longmans,
Green & Co, 1912.
Il n’y a aucune branche du
savoir où un auteur peut négliger les résultats de la recherche honnête avec
autant d’impunité qu’en Philosophie et en Logique. C’est à cet état de fait que
nous devons la publication d’un livre tel que le Science of Logic de M. Coffey : et c’est seulement en guise d’exemple
typique du travail de nombreux logiciens d’aujourd’hui qu’il mérite d’être
considéré. La logique de l’auteur est celle des philosophes scolastiques, et il
fait toutes leurs erreurs – avec, bien sûr, les références habituelles à
Aristote. (Aristote, dont le nom est tellement prononcé en vain par nos
Logiciens, qui se retournerait dans sa tombe s’il savait que tant de ceux-ci, aujourd’hui,
n’en savent pas plus sur la logique que lui, 2000 ans plus tôt.) L’auteur n’a en
rien pris note du beau travail des logiciens mathématiques modernes – travail
qui a amené la Logique à un progrès comparable à celui fait par l’Astronomie au
regard de L’astrologie, et par la Chimie au regard de l’Alchimie.
M. Coffey, comme nombre de logiciens,
tire grand avantage d’une manière de s’exprimer très peu claire, car si l’on ne
peut pas dire si ce qu’il entend est Oui ou Non, il est difficile d’argumenter
contre lui. Toutefois, même à travers une expression brumeuse, beaucoup de
graves erreurs peuvent être assez clairement reconnues, et je propose de
fournir une liste de celles qui sont le plus frappantes ; je conseillerais
à l’étudiant en Logique de repérer ces erreurs et leurs conséquences dans
d’autres livres de Logique aussi. (Les chiffres entre parenthèses indiquent les
pages du livre de M. Coffey – volume I – là où une erreur apparaît pour la
première fois ; les exemples illustratifs sont les miens.)
1.
[36]
L’auteur croit que toutes les propositions sont de la forme sujet-prédicat.
2.
[31] Il
croit que la réalité se modifie en devenant un objet pour nos pensées.
3.
[6] Il
confond la copule « est » avec le terme « est » exprimant
l’identité. (Le mot « est » a, de manière évidente, des sens
différents dans les propositions – Deux fois deux est quatre et Socrate est
mortel.)
4.
[46] Il
confond les choses avec la classe à laquelle elles appartiennent. (Un homme est
clairement quelque chose de très différent de l’espèce humaine.)
5.
[48] Il confond les classes et les
complexes. (L’espèce humaine est une classe dont les éléments sont les
hommes ; mais une bibliothèque n’est pas une classe dont les éléments sont
les livres, parce que les livres ne deviennent des parties de la bibliothèque
qu’en se tenant dans certaines relations spatiales les uns avec les autres –
tandis que les classes sont indépendantes des relations entre leurs membres.)
6.
[47] Il
confond les complexes et les sommes. (Deux plus deux est quatre, mais quatre
n’est pas un complexe de deux et de lui-même.)
La liste des erreurs peut
être passablement étendue.
Le pire de ces livres est
qu’ils préviennent les personnes sensées contre l’étude de la Logique.
(Trad. Bruno Langlet)